“J’ai adoré votre newsletter, j’ai appris plein de choses, mais au fond j’ai pas compris… Pourquoi c’est si important de manger des insectes ?”
On s’est regardés du coin de l’œil : occupés qu’on était à vous écrire la newsletter qu’on aurait voulu recevoir, on avait oublié de parler de l’essentiel : pourquoi donc c’est pertinent de manger des insectes ? → On se rattrape aujourd’hui !
Hello les curieux ! 🙋♀️🙋♂️
Bienvenue dans ce deuxième mailgazine : le mail aussi cool qu’un magazine, qui t’explique par a + b que manger des insectes, c’est une belle idée.
Comment ça marche ?
Ce mailgazine, on l’a écrit en pensant à toi, pour respecter ton feeling vis-à-vis des insectes. Tu peux lire jusqu’à l’endroit où tu te sens à l’aise : chaque partie est indépendante :)
→ 🕵️ Curieux-pas-prêt : je ne veux rien voir.
→ 🧑🍳 Gourmet-prêt-à-en-manger : vas-y challenge-moi.
→ 👨🌾 Aventurier-prêt-à-cultiver : Ok go, dis-men plus !
Alors, tu es plutôt team 🕵️ curieux, 🧑🍳 prêt à manger ou à 👨🌾 cultiver ?
C’est parti !
9 minutes de lecture
📗 Tu te coucheras moins (petite) bête
Vers de farine, vous avez dit “farine” ?
Tu t’es peut-être déjà demandé un jour, au cours d’une séance de pâtisserie, s’il était possible de tomber sur une colonie de vers de farine au fond de ton paquet ? Fort peu probable, je t’explique 👇
Les gens qui vendent de la farine se sont aperçus que laisser des insectes dedans c’est pas bon pour le business, et que ça donne un goût aux madeleines. Donc ils ont pris l’habitude de rajouter tout un paquet de trucs dans le blé pendant sa transformation en farine.
Plus ta farine vient de loin, plus tu réduis tes chances d’avoir de la compagnie à pattes dans ta T55. Sur les farines françaises, on est chanceux car au sein de l’UE, les lois encadrant l’usage des pesticides sont assez uniformes et contraignantes. Non, on déconne, ça fait pas les marioles face aux lobbys, alors imagine ce que trimballe ta farine qui vient de l’autre bout du monde ?
Si tu pensais te rabattre sur les farines bios, t’es un petit malin ! Rappelle-toi quand même que le label bio fonctionne par équivalence, et que les exigences des cahiers des charges sont très variables selon les pays ! Il y a bio, et bio.
Tout ça pour dire que :
→ il est vraiment très peu probable que tu tombes un jour sur un ténébrion en ouvrant ton sac de farine du supermarché. Rassuré·e ?
→ il vaut mieux nourrir tes insectes avec des aliments bios, sans insecticide. La base ;)
L’argument pour (se) convaincre
Le français doit manger au moins 2x moins de viande pour limiter le réchauffement à +1,5°
Ça tombe bien, le seuil au-delà duquel le risque de cancer colorectal augmente de 18%, c’est 350g de bœuf par semaine, alors on limite !
Repères de consommation : Un steak haché : 100 à 125 g / Une tranche de jambon blanc : environ 50 g / Une escalope de poulet ou de dinde : 125 à 150 g
Sources : B&L Évolution, 2018, Greenpeace.fr 2017
Nos enfants ne mangeront pas comme nous
Réduire sa consommation de viande, c’est une des réponses possibles pour nourrir durablement les humains. Manger des insectes en est une autre. Du coup il nous paraît nécessaire d’être acteurs du changement de perception des insectes chez les futures générations. Dans un prochain épisode, on a prévu de vous parler du fonctionnement de nos blocages psychologiques. Pourquoi est-ce si “beurk” et comment réussir à dépasser ce dégoût.
“ah non je peux pas manger des insectes, c’est plus fort que moi”.
C. nous aide à entretenir l’élevage. Sa délicatesse n’est pas encore du goût des habitants des tiroirs, mais ils vont finir par s’apprivoiser :) On peut dire que c’est un combo gagnant : il apprend à s’occuper d’un mini-élevage, à être au contact des petites bêtes + il apprend que c’est okay de manger des insectes.
🚪 Dans l’arrière-cuisine
Imagine, tu parles face à une salle de 70 personnes
Vous êtes 71 à recevoir ce deuxième épisode. Vous êtes déjà trop nombreux pour rentrer tous dans notre salon, c’est intimidant et grisant. Et c’est rien à côté des 1576 lecteurs du mailgazine #1. Vous avez été nombreux à le partager, et à nous écrire : ce chiffre énorme c’est grâce à vous. 💚 On a une semaine de retard (peut-être même plus à l’heure où on clique sur le bouton publier), mais on va pas s’excuser : parce que la vie, c’est surtout la vraie vie, non ?
Comment tu peux nous aider ce mois-ci ?
Déjà un numéro et on est frustrés par le côté unilatéral de ce format. On a vraiment aimé lire vos retours par mail. Du coup, cette semaine on s’est dit qu’on allait vous laisser à dispo une boîte à question. Tu cliques, tu poses ta question et c’est tout bon :) Tu peux aussi nous partager un témoignage.
Le mois prochain on vous apportera nos réponses dans une rubrique dédiée. Je laisserai à Thibault le soin de vous répondre à grands coups de “Alors petit curieux” et “mais oui, l’aventurier” !
🕵️ Psst les petits Curieux-pas-prêts. Vous pouvez arrêter de lire si vous voulez, et c’est okay. On se retrouve le mois prochain pour un nouveau magazine :) Thibault & Manon. Des bécots 💚
🍳 À toi de jouer : on passe en cuisine ?
Salut petit gourmet :) Cette section c’est la tienne. On te proposera chaque mois un défi adapté, pour appréhender peu à peu les insectes comestibles.
🎯 Défi 1 : Et si on se faisait une première recette de cuisine ?
Cette semaine, on t’a préparé une petite recette de filou pour cuisiner tes premiers vers. Tu sais comme parfois il y a des petits moucherons qui traînent dans la salade malgré un bon nettoyage ? J’ai une super astuce pour ne pas y penser : je mets du poivre. Comme ça, je ne me pose pas la question à chaque bouchée : tous les points noirs c’est du poivre, simple 😆. Cette recette c’est un peu pareil avec le combo vers et noix ! C’est doux, ça croustille, et ça a un petit goût de noisette; donc dis à ton cerveau que tout va bien et goûte-moi ça :)
500 g de spaghetti
60 cl de crème fraîche entière
80 g de gruyère râpé
40 cerneaux de noix
10 branches de persil
1 gousse d’ail
et 2 cac de vers de farine achetés séchés
Fais cuire les pâtes al’ dente. Concasse grossièrement les cerneaux de noix. Lave et cisèle le persil.
Dans une sauteuse, fais revenir les vers, l’ail et les noix avec une noisette de beurre. Ajoute les pâtes, la crème et le persil. Sale, poivre. Sers aussitôt avec un peu de gruyère râpé 😋
Recommence au prochain repas avec tes amis ?
🎯 Défi 2 : Partager ce mailgazine à un de tes amis ou collègue ;)
🧑🍳 Psst les Gourmets-prêts-à-en-manger. Vous pouvez arrêter de lire si vous voulez, et c’est okay. On se retrouve le mois prochain pour un nouveau magazine :) Thibault & Manon. Des bécots 💚
🍳 À toi de jouer : petite pupe deviendra grande
Dans cette section, tu trouveras toutes les infos qu’on aurait aimé trouvé quand on a lancé notre premier élevage de vers dans notre salon.
Si vous avez suivi nos conseils du mois dernier, vos vers sont bien au chaud dans un substrat, et vos premières pupes apparaissent à la surface. Vous avez même commencé à les placer dans une boîte pour les sauver de leurs congénères vers cannibales. Armez-vous de patience, d’ici 2-3 semaines, vos premiers scarabées s’extirperont de ces nymphes. À la “naissance”, leurs élytres (c’est la paire d’ailes/carapaces sur le dos) sont blancs et vont progressivement atteindre un brun clair. Il faudra quelques jours pour que notre scarabée adopte sa couleur noir foncé caractéristique.
On est tous d’accord pour dire que l’évolution de la vie sur terre a fait apparaître des merveilles en termes d’adaptabilité et de capacité de survie. Je pense aux lézards qui sont capables de larguer un morceau d’eux-mêmes dans le feu de l’action et de le faire repousser plus tard. Je pense aux cafards et certaines fourmis qui sont capables d’encaisser des niveaux de radiation inouïs. Eh bien l’imago du ténébrion molitor fait partie de ceux qui n’ont pas choisi la voie de l’excellence ! S’il y a bien un animal qui n’a pas à cœur la survie de sa propre espèce, c’est bien lui ! Même si l’être humain et le Kakapo complètent assez bien le podium… (si tu ne connais pas ce hiboux-perroquet à la reproduction sporadique, va voir sa fiche sur wikipédia, ça vaut le détour promis). Tout juste éclos, les scarabées retournent leur veste vite fait et se font une joie de boulotter toutes les pupes à leur portée. Un petit croque en passant n’est pas forcément fatal à la pupe susmentionnée, mais dans la plupart des cas elle se transformera en un adulte dysfonctionnel incapable de se reproduire. Et dans le reste des cas, bah la pupe est morte. Finito
✅ Séparer les scarabées des pupes le plus tôt possible - un petit check une fois par jour sera le bienvenu.
Alors oui mais moi mes pupes elles bougent pas du tout, donc comment je vois qu’elles sont mortes mes pupes ?
Très bonne question Kevin ! C’est vrai, une pupe vivante et une pupe morte ont des agendas et des attitudes à peu près similaires. CEPENDANT, une pupe vivante aura tendance à gigoter si tu la sollicites. Quand je dis “solliciter”, on y va mollo ! La nymphose (le stade pupal) c’est un moment crucial dans la vie de la bestiole, c’est pas une coquillette en fin de cuisson. Si ta pupe est bien vivante et que tu la touches, elle devrait se contorsionner dans une attitude assez proche du “encore 5 minutes maman”. Alors que la pupe morte, bah elle fera vraiment rien. Ah oui, j’oubliais, les pupes mortes s’aplatissent au niveau de l’abdomen et virent au gris, voir au noir dans les endroits où elles se sont fait croquer. Donc si tu te demandes pourquoi tes pupes sont plates et foncées, spoiler alert, c’est pas parce qu’elles ont abusé des UV et des abdos à la salle.
petit ➕ malin : toutes les pupes qui ne sont pas en parfait état, on vire ! Au mieux on aura des pupes mortes qui pourrissent, au pire des adultes dysfonctionnels incapables de se reproduire, mais qui consommeront quand même des ressources (ça fait un peu “mec de droite” quand je le dis comme ça non ?)
✅ Virer les pupes mortes et les pupes blessées.
Très bien, donc maintenant qu’on a vu qu’il ne fallait pas laisser les imagos avec les pupes, où c’est t’i donc kifo les mettre ces bestioles ? Eh bien dans un autre bac. Si tu comptes bien on est rendu à 3 bacs. Mais modère tes ardeurs petit farceur, je te vois venir. Tu vas vouloir préparer un bac du même style que pour tes vers et balancer tes imagos tels quels dedans, n’est ce pas ? Eh bien ça serait logique… mais pas super adapté. Car l’imago est beaucoup moins tout terrain que le vers de farine : il n’est pas doué du tout pour se déplacer sur des dunes de farine ou de céréales. Il faudra donc lui prévoir un lit de substrat beaucoup plus fin que pour les vers, quelques millimètres au plus. Quitte à en rajouter de temps en temps si la colonie a tout mangé. Le plus important à ne surtout pas oublier…
“LE COUVERCLE !”
Non c’est pas le couvercle Kevin, les imagos ont des ailes mais ils ne volent pas, sauf grosse famine dans le bac avec migration indispensable. T’inquiète, tu n’auras pas des scarabées qui volent partout dans le salon.
Le plus important c’est le carton, parce que les scarabées sont des empotés !
Parce que non seulement ils sont cannibales, mais en plus c’est une espèce qui est incapable de marcher sans se retrouver sur le dos, même sans rencontrer d’obstacle (c’est comme si tu marchais sur les lacets de tes baskets à scratchs). Et une fois sur le dos, ils ne peuvent pas se remettre sur leurs pattes tous seuls 🐢. Ils pourraient ouvrir leurs élytres et se retourner, mais non, ils vont rester là à pédaler dans le vide, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cool. Pour qu’ils aient toujours à portée de pattes un truc auquel s’accrocher pour se retourner, il est capital de remplir leur bac de petits morceaux de cartons, de papier essuie-tout ou boite d’œufs en tout genre. Et accessoirement ils adorent l’obscurité, se cacher et copuler dans des amas de cartons. Donc si tu veux pas que tes scarabées meurent sur le dos comme des idiots, tournent en rond au soleil et ne copulent pas → installe-leur du carton.
✅ Préparer un bac avec un petit lit de substrat et plein de petites cachettes en carton.
Voilà, tu es paré à remplir petit à petit ton bac de reproducteurs. Les ténébrions mangent la même chose que tes vers, donc pas la peine de te compliquer la vie, même menu pour tout le monde : une farine ou son et quelques bouts de fruits et légumes frais, bien lavés, de temps à autre. .
Ta mission : leur donner l’environnement idéal pour se reproduire : nourriture et obscurité. On se reparle dans un mois, quand il sera temps de faire quelque chose de ce petit nid d’amour rempli d’œufs invisibles à l’œil nu.
Petit ➕ malin : ne laisse pas de nourriture pourrir dans le bac. Préfère des petites quantités, plus souvent.
✅ Nourrir les scarabées, et les encourager à copuler 💚
(Oui, parce que finalement, c’est ça le but 😉)
Voilà, c’est fini pour aujourd’hui 👋
Tu peux cliquer sur répondre 💌 et nous dire ce que tu en as pensé, on te lira avec plaisir. 😀
💚 Thibault & Manon
PS : Bravo d’être arrivé jusqu’ici. Si tu as aimé cet e-mail, tu peux le transférer à un ami à qui ça pourrait plaire de rejoindre le club des entomo-curieux :)